Préface du livre de Robert Vignon "GRAN MAN BAKA", Copyright Editions Davol 1985

O Guyane, fille des mers caraïbes et du grand Océan, où la pâleur de l'homme blanc se mêle aux teints bronzés jusqu'au noir d'ébène de ses citoyens, et où les asiatiques, comme partout dans le monde, s'enrichissent en vendant trois allumettes ou deux aiguilles au coin de chaque rue.

Guyane où la bande sablonneuse de son littoral longe une mer boueuse, où la forêt tropicale, immense, inhospitalière, glauque de son fouillis verdâtre et de ses arbres aux fûts de quarante mètres de haut s'étend de l'Amazone à l'Orénoque.

Guyane, je t'ai découverte, parcourue, aimée. J'y fus nommé préfet lorsque d'une colonie un peu abandonnée on a voulu faire un département semblable à ceux de la métropole.

J'étais encore jeune, sportif, en pleine possession de mes moyens physiques et intellectuels.

J'ai eu la joie virile d'y créer tant de choses, d'y vivre si intensément, que même après l'avoir quittée, la Guyane occupe toujours ma pensée et mes rêves.

J'ai trop souvent entendu proclamer que la France n'avait rien fait ou pas assez pour cette lointaine circonscription.

Je voudrais que ce modeste ouvrage rappelle à ceux qui réclament aujourd'hui une indépendance bien prématurée ce qu'était le pays quand j'y suis arrivé en 1947 et ce que j'ai laissé quand j'en suis parti en 1976.

R.V.